Farah Mohamed sur notre avantage concurrentiel

MohamedFarah Mohamed, PDG de G(irls)

 

Interviewée le 19 septembre 2014 par Brenna Atnikov.

Atnikov : Quand vous réfléchissez au Canada d’aujourd’hui, qu’est-ce qui retient votre attention?

Mohamed : La composition diverse de notre pays constitue l’un de nos avantages concurrentiels. Dans un univers de plus en plus mondialisé, c’est un avantage concurrentiel pour n’importe quelle organisation ou n’importe quel pays d’avoir une diversité d’opinions autour de la table. Si les gens, qui sont là, viennent tous de milieux semblables, on ne peut pas vraiment comprendre ce qui se passe à l’extérieur de la salle. Nous sommes doués en ce qui a trait à la célébration de la diversité; maintenant, il nous faut savoir comment en tirer parti. Nous pourrions commencer en ayant plus de diversité — d’ethnicités, de genres, d’orientations sexuelles, de personnes handicapées — au sein de nos gouvernements fédéral, provinciaux et municipaux. Il nous faut aussi changer les programmes d’études dans les écoles. Les étudiants apprennent toujours plus au sujet des deux guerres mondiales qu’au sujet de la contribution positive des Canadiens autochtones ou de l’immigration.

Nous avons l’occasion de nous affirmer — de redéfinir notre marque — comme plus grande puissance, vu ce qui se passe dans le monde. Il y aura neuf milliards de personnes à nourrir en 2050 et nous avons des politiques agricoles parmi les plus fortes au monde. Durant la crise mondiale de 2008, nous avons su démontrer notre prouesse financière et nous continuons d’être un chef de avec nos systèmes fiscaux et bancaires, notre stabilité et notre taux de chômage relativement bas en comparaison avec d’autres nations. Mais exportons-nous suffisamment ce bassin de connaissances? Non! Mettons-nous assez en évidence combien nous sommes impressionnants? Non! On appelle cela le « syndrome du coquelicot le plus grand » — nous ne voulons pas attirer l’attention en étant le coquelicot le plus grand dans le champ, alors quand les Canadiens font des choses extraordinaires, nous ne voulons pas en accepter le mérite. J’aimerais nous voir plus patriotiques, mais tant que le monde extérieur ne nous applaudit pas, nous ne nous applaudissons pas nous-mêmes. L’humilité est une qualité louable, mais non pas si elle nous empêche d’avancer.

Atnikov : Qu’est-ce qui vous empêche de dormir la nuit?

Mohamed : Je m’inquiète du chômage parmi les jeunes. Nous ne pouvons pas nous permettre d’avoir une génération perdue. Et nous ne pouvons pas être ignorants devant la façon dont nos jeunes pensent, interagissent et entraînent le changement. Il nous faut également songer à la stabilité : qui va payer les impôts et qui va maintenir nos programmes sociaux? Je voudrais que nous pensions un peu moins à court terme et un peu plus à long terme.

Nous devons être prudents en ce qui a trait aux politiques qui touchent les gens des autres pays qui veulent s’établir et travailler ici. La croissance de notre population doit toujours être assurée par le biais de l’immigration. Si nos lois en matière d’immigration ne sont pas ouvertes, nous ne connaîtrons pas la croissance voulue. Et comme résultat, les meilleurs de tous — les innovateurs, les scientifiques et les prix Nobel — choisiront de s’établir ailleurs, et nous ne pouvons pas nous permettre cela. Nous n’avons pas perdu notre lustre à cet égard, mais nous devons le polir et lui redonner son éclat.

Atnikov : Comment mieux nous assurer de ne pas gaspiller les occasions qui s’offrent à nous?

Mohamed : Nous devons cultiver l’aptitude des gens à prendre des décisions éclairées. Il est absolument ridicule que le vote ne soit pas obligatoire. Si nous étions forcés de voter, nous ferions plus attention à nos leaders, aux risques encourus par notre pays et à sa réputation à l’étranger. Nous serions davantage engagés dans les politiques et les personnes qui nous représentent. Les gens d’autres pays meurent pour avoir le droit de voter. Ici, certains adoptent l’attitude qui les pousse à dire : « Il pleut, je n’irai pas voter aujourd’hui. » Si je dirigeais le monde, je ne permettrais on que ce type de personne possède un passeport, une carte de santé ou un permis de conduire. Pour s’engager, les gens ont besoin de garder espoir, de croire qu’ils ont un rôle à jouer, que leur opinion compte pour quelque chose.

Caitlin Millar Data analyst and web developer

Caitlin Millar is a data analyst and interactive programmer dedicated to using data visualizations to make complex issues accessible and engaging. Her background is in applied biology at the Resource and Environmental Management graduate program at Simon Fraser University, where she researches how to use indices to inform the public and policymakers about complex issues like ocean health.